350.000 emplois pour les jeunes en 2026: une promesse ambitieuse face à un chômage record

Le gouvernement promet la création de 350.000 emplois pour les jeunes d’ici 2026, un objectif présenté comme la pierre angulaire de sa stratégie de lutte contre le chômage. Mais cette annonce, faite par le ministre de l’Inclusion économique Younes Sekkouri lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, intervient sur fond de taux de chômage record et de promesses électorales encore loin d’être tenues.
Un chômage au plus haut, des chiffres discutables
Le ministre a reconnu un taux de chômage « record » de 13 % en 2024, tout en estimant que la tendance est à la baisse, citant le chiffre de 12,8 % au deuxième trimestre 2025.
Sauf que cette comparaison n’est pas méthodologiquement correcte: il ne s’agit pas des mêmes périodes. De plus, la légère baisse du chômage observée résulte surtout d’une diminution du taux d’activité, et non d’une création massive d’emplois.
Younes Sekkouri affirme que 600.000 emplois nets ont été créés depuis le début du mandat — un chiffre déjà contesté par plusieurs observateurs.
Rappelons que le Rassemblement national des indépendants (RNI), parti à la tête du gouvernement, s’était engagé en 2021 à créer un million d’emplois directs pour relancer l’économie post-Covid.
Un plan ciblé sur 350.000 jeunes
Le cœur de la nouvelle stratégie repose sur un plan d’intégration professionnelle visant 350.000 jeunes d’ici 2026. Celui-ci inclut notamment un programme de formation en alternance destiné aux jeunes sans diplôme, souvent laissés de côté par les dispositifs d’insertion.
« Ces jeunes n’ont ni espoir ni moyens financiers pour se former. Nous devons leur redonner une chance », a déclaré le ministre.
Entre août et septembre, 19.000 entreprises ont été démarchées, permettant d’identifier 29.000 postes potentiels.
Chaque bénéficiaire recevra une allocation journalière d’environ 50 dirhams, tandis que les entreprises pourront bénéficier d’incitations fiscales allant jusqu’à 35.000 DH par recrutement.
Encadrer les nouveaux métiers
Autre chantier majeur: la régulation des nouveaux modèles de travail, notamment dans le secteur de la livraison et des plateformes numériques.
Le ministre promet un dialogue national pour encadrer ces activités où les travailleurs, souvent indépendants, sont privés de protection sociale.
« Des milliers de livreurs travaillent dans une anarchie totale. Il faut rétablir leurs droits », a insisté Sekkouri.
Cette réforme s’inscrira dans la révision en cours du Code du travail, discutée dans le cadre du dialogue social central.
Les PME, moteur bloqué de l’emploi
Enfin, le ministre a rappelé qu’un fonds de 2 milliards de dirhams a été mobilisé pour soutenir les petites et moyennes entreprises (PME), piliers de la création d’emplois.
Il a toutefois fustigé les banques pour leur frilosité persistante: « Il est inacceptable que les refus de prêts se multiplient, même lorsque les garanties sont solides. »
Entre ambition et scepticisme
Avec cette nouvelle promesse de 350.000 emplois en 2026, le gouvernement cherche à redorer son bilan social à l’approche d’une année décisive.
Mais face à un marché du travail en crise, une jeunesse désabusée et des engagements passés non tenus, la crédibilité de cette annonce reste à prouver.